Il y a des jeux qu’on ne joue pas seulement pour leur histoire ou leur gameplay, mais aussi pour ce qu’ils représentent dans notre vie. Pour moi, Final Fantasy V fait partie de ceux-là.

Une partie de ma vie avant d’être un jeu :
Final Fantasy V fut mon premier contact avec cette série, qui deviendra l’une des pierres angulaires de mon amour du jeu vidéo. J’ai découvert cette série à 11 ans, en 1999, pas sur une PlayStation comme mes potes, ni sur Super Nintendo en import, mais sur mon PC Pentium II 233 MHz, 16 Mo de RAM, 3 Go de disque dur. J’étais en 6e, un pote m’avait gravé un CD avec un émulateur, et quelques ROMs. Il me dit alors « Là dessus tu as les Final Fantasy V et VI » … C’est alors que fébrilement, avec l’angoisse de casser l’ordinateur avec un clic de travers, je lançais zsnes.exe … écran noir, transition sur une interface bizarre.

Je me souviens encore de ce sentiment étrange : j’étais un gamin qui découvrait le monde interdit de l’émulation. Je n’avais pas internet, j’avais peur de flinguer le PC familial avec un virus. Pendant que mes amis parlaient de Cloud qui parcours un Midgar steampunk techno-futuriste dans Final Fantasy VII sur leur PlayStation, moi j’explorais les cristaux médiévaux de FFV, dans une version traduite avec un anglais… approximatif. Mon frère, deux classes au-dessus, m’aidait à comprendre les dialogues ! Il n’était pas rare que des passages entiers n’étaient pas traduits, nous étions totalement perdu. Mais à force de persévérance et de hasard, nous arrivâmes à le finir, non pas sans quelques sauvegardes automatiques que l’émulateur permettait.



Quelques années plus tard, j’y rejouais sur PlayStation dans la version Final Fantasy Anthology et ses temps de chargement infernaux. Cette fois ci traduite officiellement et moi disposant d’un anglais mieux maitrisé, sans triche, et avec de nombreuses crises de nerf, j’ai enfin fini FFV par moi même ! Plus tard encore, FFV fut mon tout premier achat en ligne sur Game Boy Advance, cette version étant déjà à sa sortie quasiment introuvable. Un gamer a des souvenirs parfois étranges …
Je m’estime infiniment chanceux d’avoir découvert Final Fantasy avec le V. À l’époque, beaucoup de mes camarades me dénigraient parce que je jouais à un titre “moche”, pendant qu’eux s’extasiaient sur les polygones de Cloud. Comment leur renvoyer la pierre ? Moi même j’ai trouvé Final Fantasy IV trop moche à l’époque dans sa version Anthology, il fut attendre la version GameBoy Advance et PSP pour que je le finisse. Je me souviens même que certains avaient acheté Final Fantasy VI sur PSone non pas pour le jeu, mais pour la démo de FFX qu’il contenait ! Les Final Fantasy de l’ère Super Nintendo sont aujourd’hui encore très avant-gardistes, si on fait abstraction de leurs graphismes. En y ayant joué, chaque titre suivant se savoure différemment.


J’aimerai bien savoir si ces camarades d’enfance ont enfin mis leurs mains sur ces titres anciens … Avec les version Pixel Remaster par exemple ! Ce sont des versions réarrangées, avec des améliorations de QoL (Quality of Life, ou qualité de vie), de nouvelles musiques, et plus cohérent d’un point de vue graphique entre elles. Un savant mélange de rétro modernité qui permet à tout un chacun de découvrir 6 titres d’anthologie dans des conditions optimales ! C’est là dessus que j’ai d’ailleurs fini FF1 pour la première fois !
🌊 “The Wind is Getting Weaker”
Final Fantasy V commence simplement : un vent qui faiblit, des cristaux qui se brisent, et quatre héros qui se retrouvent liés par le destin. On est loin des grandes fresques apocalyptiques des épisodes suivants. Oui, le monde court à sa perte et un méchant millénaire va vite pointer le bout de son nez pour tout détruire. Mais la quête garde quelque chose de sincère, presque enfantin.




Les personnages sont frivoles, le ton léger, l’humour omniprésent. Le Pixel Remaster met ça en valeur : la 2D a été polie sans trahir l’original, les musiques réorchestrées par Uematsu reprennent une ampleur incroyable, la traduction française est impeccable, et on retrouve cette légèreté propre aux RPG des années 90.

Nous suivons Bartz, un jeune homme qui parcours le monde à dos de Chocobo. Il ne tarde pas à rencontrer Lenna, princesse du royaume de Tycoon, puis Galuf, un guerrier amnésique. Très vite, ils vont se lier d’amitié, puis se faire capturer par un pirate du nom de Faris. Tous les 4 vont alors découvrir que chacun et l’enfant d’un parent au destin incroyable, et ils vont alors avoir la lourde tâche de protéger les cristaux. Si ceux ci sont détruit, un mal ancien sera libéré !

C’est peut-être une question à vous poser avant de l’acheter: est-ce que le charme d’un RPG “classique” vous parle encore aujourd’hui, ou préférez-vous les grandes cinématiques des jeux modernes ?

⚔️ “Battle on the Big Bridge”
Impossible de parler de FFV sans évoquer ses combats. C’est ici que le jeu trouve son identité : le Job System. Repris de FFIII et amplifié, il ne se limite pas à des classes figées comme dans FFIV. On peut changer de job à volonté, expérimenter, mélanger les compétences une fois apprises. Et quand on commence à maîtriser, c’est une vraie drogue.


Un mage blanc qui attaque à l’épée ? Un ninja qui balance de la magie noire ? Un paladin qui soigne ? Un Samurai qui dompte les animaux ? Tout est possible. Et c’est ce qui rend FFV incroyablement re-jouable. Hormis quelques boss, même les builds les plus farfelus apportent du piment. Une équipe de moines ? D’archers ? De mages ? Faites-vous plaisir ! Certains combos sont dévastateurs, vous pouvez même créer un guerrier qui attaque 8x par tours !

Le Pixel Remaster garde cette essence intacte, avec des combats rapides, dynamiques et une lisibilité parfaite. Certains diront que la difficulté est toujours mal équilibrée. Oui, certains boss sont des murs si vous n’avez pas choisi “le bon” job. Et j’avoue que ce côté essai/erreur m’a valu une belle dose de frustration. Comment ai-je pu finir ces jeux à l’époque ?
Il n’est absolument pas rare de se faire décimer par un simple trash mob. J‘ai piqué des accès de colères plusieurs fois put*** ! Il suffit d’un coup raté qui donne l’initiative à l’ennemi pour se faire rosser. Le nombre de fois ou vous ratez vos attaques est abominable. L’adversaire peut avec une simple attaque folie, retourner un personnage contre vous, qui vous décime en une attaque. Heureusement, le Pixel Remaster ajoute une sauvegarde rapide au début de chaque zone, et la possibilité de multiplier l’XP et les Ability Points (les points de job). Résultat : chaque défaite est beaucoup moins punitive. Vous perdez, au pire, 15 minutes, contre des heures autrefois. Bien que critiquable, ça garde une tension constante : impossible de se relâcher sous peine de décès prématuré… mais bordel que c’est frustrant de se faire trucider comme une merde !!





Ayant déjà fini le jeu trois fois dans ma vie, j’ai utilisé le multiplicateur d’Ability Points pour éviter le farm de fin de jeu et débloquer les compétences des jobs plus vite. Ne croyez pas que cela rende l’aventure facile pour autant. Même avec la bonne stratégie, certains boss restent atroces. J’ai aussi choisi d’éviter au maximum la compétence Zeninage, totalement fumée, qui décime bon nombre de boss d’un coup. Je parlais de boss difficiles d’ailleurs : quand j’affronte la Living Flame, qui arrive assez tôt et qui peut décimer votre équipe d’un coup, ou Atomos qui se pointe avec 10x plus de PV que les autres boss jusqu’à présent, et qui peut supprimer un membre sans possibilité de retour dans le combat et sans aucune faiblesse … je peux dire que ce jeu est à l’origine de bon nombre de mes traumas de gamer ! Heureusement, le jeu dispose de certains boss plus triviaux, et les battre pourra s’apparenter à résoudre un puzzle !

🔥 “The Four Warriors of Dawn”
L’histoire de FFV n’est pas la plus mémorable de la saga. Elle tient en quelques phrases : des cristaux qui se brisent, un ancien mal qui ressurgit, et des héros qui se battent pour sauver le monde. Mais là encore, ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage.

Bartz, Faris, Lenna, Galuf… tous sont attachants à leur manière, avec une simplicité qui fonctionne encore aujourd’hui. Et quand certains passages deviennent plus sombres, le contraste n’en est que plus fort. J’aime ressentir des émotions, et Final Fantasy V vous en fera parcourir un vaste panel. Dans sa légèreté et sa fugacité, les émotions se retrouvent exacerbées, et je me suis volontiers laissé submergé par elles.
Le jeu a certes mal vieilli sur certains points. Oui, à un moment, le grand méchant espionne les héros en se transformant… en écharde. Alors qu’il est quasi omniscient, qu’il a déjà décimé des villes entières, détruit des cristaux et séquestré des chatons dans son donjon. (Bon, il est né d’un arbre, ça justifie un peu, mais quand même…). Les PNJ, eux, sont souvent hermétiques aux bouleversements du monde : beaucoup gardent les mêmes dialogues du début à la fin, totalement hors sujet. Dommage.

En revanche, FFV conserve toute son originalité dans ses rebondissements. Enfant, j’en ai été marqué. La série Final Fantasy a toujours eu un rapport étrange à la mortalité : ceux qui ont été choqués par la mort d’Aerith n’ont sans doute jamais joué à FFII, qui sacrifiait ses personnages principaux comme des pions, ou à FFIV, qui n’hésitait pas à tuer même des enfants. Appelez la convention de Genève ! FFV n’est pas en reste, avec des dynastes qui tombent comme des mouches, des villages entiers rasés, et une vraie hécatombe dramatique. Même la carte du monde n’est pas épargnée par des cataclysmes, et elle s’en retrouvera chamboulée plusieurs fois.

Petite parenthèse : le jeu regorge de lieux définitivement perdus après certains événements. Pensez à bien tout explorer. C’est aussi un des rare Final Fantasy avec un sous marin !

Bref, FFV, c’était naïf, certes, mais c’était mon premier vrai contact avec le JRPG narratif. Et en le rejouant aujourd’hui dans le Pixel Remaster, je retrouve cette même fraîcheur.
🎶 “Dear Friends”
Un Final Fantasy peut-il exister sans sa musique ? Ici, Nobuo Uematsu livre une bande-son parmi ses plus inspirées. Tout le monde connaît “Battle on the Big Bridge”, repris dans bien des épisodes par la suite, jusqu’à Final Fantasy VII Rebirth en 2024… soit 32 ans plus tard ! J’ai une tendresse particulière pour “Dear Friends”, un thème principal, simple, acoustique, apaisant. Mais Battle on the Big Bridge est une des meilleurs musiques de Final Fantasy jamais composée :


Personnellement, ma musique préférée reste celle du donjon final (je vous mets le lien ci-dessous). Le Pixel Remaster sublime l’OST avec des orchestrations magnifiques. Redécouvrir ces morceaux réorchestrés, c’est comme revoir sa nostalgie rajeunie. Quel ne fut mon bonheur d’entendre certains de ces titres lors du concert Distant World de Zurich et de Dusseldorf ❤
🌌 “The Dawn of a New Era”
Alors, est-ce que ce Final Fantasy V Pixel Remaster vaut le détour ? Pour moi, oui, surtout grâce à ses améliorations de confort. C’est une manière de faire vivre un morceau d’histoire du JRPG à une nouvelle génération, en la délestant de la frustration que le jeu pouvait procurer. découvrez et expérimentez son système de Job et éclatez vous. Imprégniez vous de la vie éphémère de certains personnages pour mieux apprécier le temps passé avec eux. Liez ces souvenirs à votre vie. Jouez à FFV sur émulateur, sur smartphone, sur Steam, sur GBA, sur Switch ou PSone, peu importe, il est disponible partout. Quelque part, il me permet de revivre ces après-midis de 1999, enfermé dans ma chambre avec mon vieux PC et mon grand frère, à explorer un monde qui me dépassait, à me dire aussi que la vie est éphémère, même pour les personnages d’un jeu. Peut être que vous, il se liera à d’autres souvenirs ?
FFV m’a pris le temps qu’il mérite : il se savoure, il se construit, job après job, donjon après donjon, une quarantaine d’heures dans mon backlog. Vous pouvez très bien rusher le jeu si vous maitrisez son système, ou que vous augmentez l’expérience gagnée, afin de juste vivre l’aventure au coté de Bartz, Lenna, Faris et Galuf. Maintenant que je l’ai enfin terminé dans sa version définitive, je vais repartir sur des jeux d’action. Mais je sais déjà que, tôt ou tard, je reviendrai au royaume de Tycoon.

Parce que Final Fantasy V, est une ancre mémorielle qui me rappelle que chaque période de ma vie est parcourue de souvenirs fortement lié à un jeu. Parce que tout simplement FFV vous fait ressentir des émotions, fortes, fugaces, mais sincères. C’est ce qui fait qu’on s’en souvient, et qu’on y retourne. Et vous, quel est votre jeu qui éveille tant de souvenirs ?




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